Dans cet article, je vous propose une explication de quelques termes anglais souvent liés à la manipulation sous ses différentes formes. Des termes qui sont également de plus en plus utilisés en français pour parler de situations problématiques dans une relation avec un manipulateur.
Le gaslighting (gazage/éclairage au gaz)
Il s’agit d’une manipulation mentale consistant à retourner une situation, créant ainsi un problème sous forme accusatrice pour faire douter l’autre de lui-même. Dans la communication, le manipulateur, conscient ou non, en arrive à de la désinformation volontaire. Le mensonge, l’omission ou la déformation des propos et des faits vont déclencher une emprise sur les pensées et le comportement de l’autre.
Le manipulateur accuse l’autre de l’émotion ressentie suite à un problème évoqué alors que c’est lui-même qui ne sait pas gérer son émotion. Cela entraîne culpabilité et anxiété chez celui qui vit avec empathie et craint dès lors d’être sincère et transparent par peur de déclencher une crise et une rupture. L’ « empathe » ou victime se remet en question, se sent confus et perdu, incapable de bien faire les choses, jusqu’à un effondrement de l’estime de soi.
Ce problème de victimisation avec une colère sous-jacente ou émise enclenche alors ce fameux triangle de Karpman (positions dramatiques du persécuteur/victime/sauveur) où toute tentative d’explication est traduite en critique et vécue en rejet ; ce rejet se joue en fait depuis l’enfance chez le manipulateur. L’abuseur fait porter la responsabilité de ses souffrances de victime ou de la souffrance de la victime à elle-même. Elle fait douter de sa santé mentale par paliers et effets rebonds.
Cette distorsion cognitive est une forme de violence psychologique qui amène honte, peur, anxiété, dépression et isolement. Le problème d’estime de soi très bas du manipulateur se nourrit de la joie de vivre et de l’énergie que l’empathe dégage. Le manipulateur ne supporte pas le miroir que lui renvoient ses failles narcissiques.
Le ghosting (faire le fantôme)
C’est une stratégie utilisée pour déstabiliser l’empathe en terme de punition pour qu’il finisse par se soumettre à la volonté du manipulateur par le seul silence radio. On parle aussi de stonewalling (mur de pierre) : mutisme et ignorance de l’autre après une dispute, un accrochage ou un désaccord. C’est une façon de fuir les ennuis, les responsabilités, la communication. En bref, la fuite de l’engagement réel que suppose une relation adulte.
Le manipulateur se place en victime de tout : situations professionnelle, familiale, amicale, sociétale… Il ne prend pas ses responsabilités et il est souvent esseulé car il fait le vide autour de soi à force de critique, de manque d’entretien de la relation et de zapper l’existence de l’autre dès qu’il est en désaccord avec lui. Son silence est une arme de destruction de la bonne santé mentale de l’autre.
Un conseil : briser le silence au risque de la rupture bête et méchante, de décrocher cette épée de Damoclès d’un enfant frustré.
Les ghosteurs : explications et comment faire face
Ces « ghosteurs » fuient tout engagement par peur de ne pas être à la hauteur, par égoïsme, par dépendance affective non avouée, par manque d’éducation à l’expression des sentiments ou plus malheureusement, par chosification de l’autre qui est vu comme un produit de consommation parmi tant d’autres.
L’écrit, vivement recommandé, est déstabilisant pour celui qui rompt car c’est une preuve incontestable et indéformable mais soumise à appréciation. Reste donc cette ultime lâcheté de la fuite pour ne pas être dévoilé.
Il faut absolument sortir de ce non-dit avec un thérapeute pour ne pas rester dans l’incompréhension du trauma vécu. Les neurosciences ont démontré que lorsqu’on montre une photo d’un ex-partenaire à une personne ghostée, la région du cerveau qui s’active est la même que celle de la douleur physique. « Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime » avec comme corollaire des symptômes psychosomatiques.
Certains parleront d’un ghosting défensif dans le cas d’une fuite nécessaire quand le comportement d’une personne dépendante affective devient obsédant, que la communication est à sens unique ou que l’autre est diagnostiqué véritablement comme pervers narcissique.
Commence alors un travail sain de deuil avec un accompagnement professionnel qui permettra de ne pas retomber dans la spirale infernale.
Le zombieing (technique du mort-vivant)
Situé entre les deux phénomènes précédents, le zombieing se manifeste par un simple message ou encore, plus insidieusement, sous forme de likes nonchalants sur les posts des réseaux sociaux publics. Cela fait penser qu’il existe encore des sentiments ou alors que le deuil doit se faire de façon progressive tout en gardant une emprise lointaine qui, au premier regard, semblerait moins intrusive.
Forcément, rien de mieux qu’une véritable communication en face à face entre deux adultes consentants. SMS, mails, téléphone qui permettent de garder une distance sans implication émotionnelle sont à proscrire puisqu’ils manquent cruellement d’empathie, de respect et de maturité.
Que faire suite à une manipulation ?
Quand on a vécu l’un ou l’autre de ces phénomènes manipulateurs, il est nécessaire de se remettre à penser plus objectivement loin de ces distorsions cognitives, qui mettent dans un état de stress permanent, pour permettre de conscientiser la réalité :
Reprendre contact avec son entourage : personnes bienveillantes d’antan desquelles on s’est souvent isolé.
Éviter la culpabilisation pour reprendre sa responsabilité.
Se poser les bonnes questions : non concernant le comportement de l’autre mais plutôt concernant soi-même, sa tolérance, ses limites, ses valeurs, son estime de soi…
Regarder les actes et non les paroles : il y a toujours un fossé abyssal entre les 2 puisque c’est un langage paradoxal, appelée également double contrainte, où les gestes contredisent les mots même si le manipulateur veut s’en convaincre/convaincre l’autre, « Je fais ce que je dis ». Si cela ne vous paraît pas correct, osez le confronter au paradoxe qui lui renverra cette piètre image de soi. Mal à l’aise avec ses sentiments, leur décodage, leur expression, il lui reste l’échappatoire de l’humour ou de la banalisation alors que vous attendez une conversation profonde. Cette vengeance est une façon subtile de nier sa peur et son insécurité fondamentale. Sa jalousie par rapport à ce que l’autre arrive à être vient souvent d’un style d’attachement insécure, soit fuyant soit désorganisé (voir les styles d’attachement d’Ainsworth). S’il ne sait pas communiquer et reporte la responsabilité de son mal-être sur autrui, c’est parce qu’il ne sait pas discerner ses attentes, ses besoins, ses sentiments, ses opinions…
Vous pouvez aussi essayer d’éclaircir votre position en utilisant la communication non-violente (C.N.V. de Marschall Rosenberg), ou consulter en thérapie de couple.
Vous faites face à l’une de ses situations et vous souhaitez être accompagné(e) par un psychologue professionnel ? Contactez-moi pour une consultation à Namur.
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